Malgré la qualité des infrastructures et des réseaux d’eau interconnectés du département, ce constat doit permettre aux territoires de réinterroger leurs modèles, notamment concernant la gestion de la ressource en eau, de manière à être plus résilients face aux prochaines situations de crise.
Les équipes de Dinan Agglomération et leurs partenaires suivent de près cette situation inédite et se mobilisent depuis le printemps dernier pour apporter toutes les solutions possibles tant en terme d’économies de consommation d’eau qu’en terme d’approvisionnement. La mobilisation de ressources d’eau de soutien est l’une des réponses pouvant être apportées et Dinan Agglomération mène une expérimentation inédite à l’échelle du territoire breton sur les carrières du Rocher-Jéhan à Bobital et de celle de la Pyrie à Le Hinglé.
Bilan hydrologique
Les précipitations observées sur l’année 2022 restent déficitaires vis-à-vis des moyennes interannuelles, malgré une reprise de pluies marquées en septembre 2022. (Au 15 novembre, 480 mm d’eau sont tombés à Le Hinglé contre 620 mm en moyenne).
Ces premières pluies ont bénéficié aux cours d’eau principaux du territoire qui ont vu leurs écoulements reprendre à des niveaux plus acceptables, restant toutefois en dessous des moyennes. Les débits de la Rance à Saint Jouan de l’Isle approche les 300 l/s actuellement contre 500 l/s en moyenne.
Il est à noter que plusieurs ruisseaux n’ont pas encore bénéficié de cette reprise, les nappes d’eau souterraines les alimentant, bien qu’en situation de recharge, n’ayant pas retrouvé des niveaux moyens. En témoigne le suivi du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières), démontrant une situation hétérogène des niveaux d’eaux souterraines en Bretagne.
Enfin, s’agissant du stock d’eau retenu dans les deux barrages de Dinan Agglomération, celui-ci reste très bas et continue de diminuer, les apports par les cours d’eau restant encore inférieurs au prélèvement nécessaire pour à la production d’eau potable :
Carrières du Guinefort : gisement de roches hier, ressource en eau d’aujourd’hui
Témoignant de l’importance de l’activité d’exploitation du granit, de nombreuses carrières ont été exploitées au courant du XIXème siècle, sur le secteur du Guinefort au soubassement géologique particulièrement rocheux. Ces dizaines de carrières fournissaient le granit nécessaire à la construction de nombreuses infrastructures en France ou à l’étranger, telles que des quais portuaires ou encore les nombreuses casernes militaires du territoire. En majorité inexploitées aujourd’hui, ces anciens fronts de taille représentent des fosses d’eau de plusieurs dizaines de mètres de profondeurs.
C’est le cas de la carrière du Rocher-Jéhan, située sur la commune de Bobital, et de celle de la Pyrie, sur la commune de Le Hinglé. L’extraction des matériaux y étant à l’arrêt, aucune évacuation d’eau n’est réalisée sur ces deux sites, qui se sont progressivement remplis en eaux eaux de pluie et par les résurgences issues des fracturations de la roche.
Au global, la quantité d’eau stockée sur ces deux carrières représentent un volume de près de 350 000 m3, potentiellement disponibles pour soutenir la retenue d’eau du Pont Ruffier.
Expérimenter pour l’avenir
L’expérimentation menée par Dinan Agglomération, en collaboration avec les entreprises gérantes des deux carrières Marc SA et Bretagne Granits, et avec l’appui des maires de Le Hinglé et de Bobital, vise à pomper les eaux piégées dans ces deux excavations vers le ruisseau du Champ-Girouët de manière à ce qu’elles rejoignent naturellement la retenue du Pont Ruffier.
Cette mobilisation de ressources d’eau complémentaires issues des carrières reste une expérimentation inédite sur le territoire, et à l’échelle de la Bretagne. En cela, elle bénéficie de l’encadrement et de l’appui des services de l’Etat (DDTM et ARS).
Comme pour tout captage d’eau, des études préalables ont été nécessaires pour évaluer la qualité de la ressource et l’impact de cette action sur l’environnement. Dès septembre 2022, une vérification de la qualité des eaux brutes destinées à la consommation humaines a été conduite par Dinan Agglomération, suivant les prescriptions du code de la santé publique. Pour y parvenir, des prélèvements d’eau en surface et en profondeur ont été réalisés par des plongeurs, afin de qualifier ce nouveau gisement. Selon les résultats, les eaux de ces deux carrières sont de très bonne qualité et conformes pour une exploitation dans la filière de potabilisation de l’usine d’eau du Val.
L’expérimentation sera menée sur 1 mois environ de manière à éprouver le système. Pour cette première opération, 80 000 m3 d’eau devraient être ainsi prélevés.
Des suivis de la qualité de l’eau, des milieux et des niveaux d’eau dans la carrière seront réalisés de manière à affiner les connaissances, notamment pour suivre l’impact des prélèvements sur cette ressource et ses capacités à se régénérer.
Un nouvel outil dans la palette de solutions déployée par Dinan Agglomération
Cette expérience de mobilisation d’une nouvelle ressource vient compléter celle de la mobilisation des étangs du Vieux Val sur le Guinefort (menée en septembre et octobre 2022), ainsi que les nombreuses initiatives du plan d’actions sécheresse portant sur :
- des adaptations des échanges d’eau entre territoires (réduction temporaire des transferts d’eau potable vers l’Ille et Vilaine, augmentation des achats d’eau potable au syndicat mixte Arguenon Penthièvre) ;
- une optimisation de la distribution (localement, baisses de pression, sollicitation plus élevée des ressources souterraines (nappe de Faluns) pour moins prélever sur les barrages, etc.) ;
- des économies d’eau opérées par les collectivités, les entreprises et le grand public (campagne « Réduire sa consommation d’eau, c’est pas la mer à boire »).
En mobilisant cette ressource en eau, Dinan Agglomération souhaite explorer une solution supplémentaire en cas de déficit d'eau. En effet, si la situation tend à s'améliorer actuellement, elle n'en reste pas moins préoccupante pour les mois et années à venir